Le pouilleux massacreur

Ce polar nous emmène bien loin de l’Islande et de ses terrains de récit habituels en plantant son intrigue dans Paris et sa banlieue dans les années 60. « Le pouilleux massacreur » du nom de ce jeu de cartes que la jeunesse désœuvrée d’alors pratiquait dans les troquets où Sorb et ses amis se réunissaient pour refaire le monde.

Sa bande d’amis aux alentours de Meudon, zone un peu partout entre petits larcins, ratonnades et chasse aux filles, mais certains jeux tournent parfois très mal. Et dans un Paris pris dans la tenaille des attentats de l’OAS et d’un mai 68 qui se profile, entre la fidélité à ses amis et Katie, entre ses parents et son désir d’écrire pour la presse, Sorb devra faire des choix, souvent par défaut et la confrontation au réel sera difficile.

Au travers de ce récit aux relents autobiographiques, l’auteur se penche sur une certaine jeunesse des années 60, prise dans l’étau serré d’un côté parental et de l’autre d’une transformation en cours d’une société un peu perdue. L’éveil à la musique Anglo saxonne, au cinéma de la nouvelle vague et à la conscience politique tant qu’aux premiers émois amoureux mettent Sorb au supplice et au carrefour de plein de nombreux compliqués à faire. Entre espoir et désillusion, des bars de banlieue aux rues chics de Paris, Sorb et ses copains cherchent comment s’en sortir.

Ian Manook réussit en tous cas la gageure de nous tenir en haleine tout le long de ce roman en sortant complètement des sentiers qu’il a déjà battus par ailleurs.

Le mot de Dominique