Le mensonge suffit

Christopher Bouix, c’est une pépite (et encore, le mot est faible). C’est fin, c’est grinçant.

De prime abord, le vernis est bienveillant. Puis, insidieusement, la prise de conscience devient dérangeante (vous la voyez venir, ne vous inquiétez pas : elle gratte de plus en plus au fil de la lecture). La proximité avec notre propre existence, nos modes de vie, est absolument glaçante.

Depuis 2023, Bouix construit un triptyque robotique (que les amateurs de jargon ou les classificateurs maladifs appellent : Legal Thriller, pastiche satirique, roman de prétoire, huis clos d’anticipation dystopique. Vous aimez les cases ? Je vous offre le rangement). Mais de mon côté, je dirais simplement que : Alfie est un fantastique polar 2.0, que le surprenant Tout est sous contrôle va vous régaler, et que Le mensonge suffit est un magistral point final aux recherches et obsessions de l’auteur. Et croyez-moi, c’est frustrant de devoir (momentanément, j’ose espérer) dire au revoir à cet univers.

Bouix ne nous rend pas parano. Il éclaire simplement la pente glissante qui se tient sur nos talons. Je pourrais passer des heures à vous parler du génie de cet homme, de son écriture brillante, fluide et plaisante mais surtout intelligente. Alors merci aux éditions Au Diable Vauvert pour cette opportunité. Foncez, ça supplante toutes les séries et tous les films.

Mais pour ceux qui ne me croient pas sur parole :

Le mensonge suffit, c’est comme prendre Le Procès de Franz Kafka, Le Thésée Universel de László Krasznahorkai (oui, j’aime les auteurs d’Europe de l’Est) et mixer le tout avec un héros lambda – de préférence un mec décrit par John Fante – dont l’aplomb est aussi vif qu’un moteur diesel.

Pour les amateurs de storyboards et d’images mouvantes : la France a un incroyable Bouix et il pourrait bien supplanter le moindre épisode de Black Mirror.

P.S. : Oui, c’est un gros coup de cœur. Non, ce message n’a pas été sponsorisé par un lobby pro-IA (ni par la maman de Christopher Bouix).

Le mot de Marlène