Le fil de l’espoir

Le fil de l’espoir est un récit subtil, latent. Il faut savoir être patient pour apprécier le rythme contemplatif du récit et conjuguer les histoires, les bribes de vies de chacun.

Les aficionados de Keigo Higashino seront ravis de retrouver les détectives Kaga et Matsumiya. Oubliez les gardes à vue à la lumière blafardes ainsi que le jeu de rôles gentil/méchant flics. Ici on marche, on questionne, on se plonge dans des vies et l’on tente de remonter le fil de ce polar dont les codes du genre sont retravaillés avec finesse.

Ce n’est pas violent, ce n’est pas brutal mais bien lourd et imposant. À l’image des silences qui durent une vie et des drames que couvent allègrement les dysfonctionnements familiaux.

C’est une enquête qui est emprunte de réalisme, au sens stylistique du terme. Mais si on entre dans le vif du sujet alors il nous faut trouver ce qui lie la mort de deux enfants lors d’un tremblement de terre, l’assassinat d’une femme dans un salon de thé et l’apparition d’une demie sœur. Keigo Higashino fait la part belle à l’absence, la délicatesse et au remplacement. Il pointe une société japonaise qui plonge tête la première – par tradition, par pudeur ou bien par choix – dans le puits sans fond des secrets, des non dit et accepte ainsi d’engendrer volontairement une multitude de vies brisées.

Un ouvrage enrichissant dont il faut accepter la marche lente, la fatalité et l’impossibilité du maigre poids que nous avons face à nos aînés.

Le mot de Marlène